C'est souvent dans les situations de crise que l'on découvre le vrai visage d'une personne, non seulement le caractère mais aussi et surtout, la culture, la façon de penser. Ceci est aussi valable pour une société. La situation de crise c'est le mercure pour l'or, l'acide chlorhydrique pour le calcaire, un pur révélateur.
Par exemple, si on place un enfant dyslexique dans une classe, un vrai dyslexique, avec pédigrée certifié. On attend 2 mois et on obtient une belle situation de crise lors de la réunion parents-professeur.
Premier cas, la réunion a lieu dans une petite ville sur l'île de Kyushu, au fin fond du Japon, (au domicile de l'enfant, c'est la maitresse qui se déplace); prix de la scolarité: de 1000 à 2000 yens (moins de 20 euros) par mois pour les frais de fournitures, photocopies etc... :
L'enseignante: " Euh.... difficile les maths"
Et oui, la dyslexie n'est pas qu'une difficulté d'apprentissage de la lecture, c'est un mode de fonctionnement différent et je vous mets au défit de faire entrer les tables de multiplications dans la tête d'un dyslexique. Hélas, au Japon, dans les petites classes, c'est surtout la rapidité de calcul qui compte.
L'enseignante: " Par contre, il est très appliqué pour aider au travail dans la classe!"
Mon fils est très serviable. C'est une immense qualité! Avec un excellente note en "seikatsu", "vie quotidienne " une matière qui n'existe même pas en France.
Second cas, la réunion a lieu à l'élitiste école française de Tokyo (760 000 yen l'année, soit 8000 US$ ou 6 400euros)
L'enseignante: "Je ne vois pas ce qu'on va faire pour le collège, il faudrait envisager la CLISS, vous savez parfois il y en a un ou deux qui obtiennent leur CAP"
No comment
Troisième cas, une école publique de banlieue en Arizona, (0$ par an):
J'ai 3 enseignantes devant moi
L'enseignante des 6th grade: "Il faudrait travailler les multiplications...je vais essayer une autre méthode"
L'enseignante pour les enfants en difficulté de lecture :
"Il connait les phonèmes que nous travaillons, il est même capable d'épeler des mots"
L'enseignante "ELS "( programme pour les enfants dont l'anglais n'est pas leur langue maternelle), enthousiaste:
"Il peut lire en anglais! Il peut écrire en anglais!"
Méthode syllabique, beaucoup d'encouragement et mon fils, qui n'osait même pas répondre à l'oral à la moindre question venant d'une maitresse, a lu devant nous un tout petit texte qu'il avait écrit. Quand les enseignantes l'applaudissaient moi j'avais les larmes aux yeux.
Il n'y avait plus de crise.
Ou bien, "A l'ombre des cactoi" pour les ardents hellénistes
samedi 25 octobre 2008
Crise ou double
à propos de
ecole
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14 commentaires:
Ton texte est tres tres emouvant. Je suis contente moi aussi que mon fils decouvre la vie sous l'angle optimiste de la societe americaine.
Mon premier com chez vous mais le sujet m'interpelle. Nous vivons aux Pays Bas et mon ainé dyslexique a vécu exactement la meme situation. Ecole francaise élitiste ou l'on m'a conseillé dès la 5eme de me faire une raison pas d'études pour lui, changement d'établissement, école internationale, il passe son bac bilingue cette année. Je ne veux pas pointer du doigt le système francais qui a du bon et du moins bon, mais je pense que pour votre fils, etre dans un système américain attentif à l'enfant en tant qu'individu est une grande chance et certainement un grand soulagement pour vous. Bravo à lui pour la lecture !
Je pourrais resumer les deux ecoles (ne connais pas la japonnaise directement) par :
France : "C'est bien mais" ou "Non ce n'est pas comme ca que l'on dit ou fait"
US : "Good Job"
L'un est negatif l'autre tres positif.
Les notes relativisent le tout mais le bloquage n'est pas cree dans le deuxieme cas.
Cela explique grandement les enormes problemes de langues en France ou au lieu de faire parler on veut faire parler juste et du coup les gens sont complexes et ne parlent plus du tout (bon d'accord les americains n'ont meme pas a se preoccuper de ce probleme de langue etrange a part comme passe temps).
Je suis tres content pour Bruno qui partage avec Duncan son enthousiasme pour l'ecole americaine qui enfin lui fait comprendre que tout effort est bon.
Merci pour ce post... Je ne voudrais pas presenter de vues trop tranchees sur l'elitisme made in France (surtout a ce prix grincant), mais dans tous les cas le positivisme et les encouragements made in USA seraient a importer dans notre culture. J'y vois aussi une certaine forme de tolerance que nous n'avons pas, nous Francais. Bravo et merci de nous avoir fait partager cet instant de vie a la morale necessaire.
Les nombreux encouragements à la méthode nord-américaine , les dictées raccourcies exprès pour lui puis rallongées progressivement, ,les " vas-y , t'es capable " des québécois ont permis à notre second de dépasser sa lenteur " problématique pour envisager des études longues " selon l'enseignante française ( CE1 à l'époque ).
ce billet est très émouvant. La prof qui dit qu'elle va essayer une autre méthode a tout compris. Chapeau pour les US (pour une fois que je râle pas, hein...)
Marie, je suis vraiment très très contente pour ton fils...
Ton billet est très émouvant et je suis si heureuse pour toi.
Comme je te comprends!!!
Gros sujet de conflit chez nous que de laisser les filles à l'école française de Tokyo car malheur à celle qui est "différente", on ne le lui pardonne pas.
Heureusement, quelques profs du secondaire semblent un peu plus à l'écoute. Il n'empêche que la méthode anglo-saxonne de valoriser et d'encourager l'enfant serait à méditer chez certains et certaines...
Bonnes fêtes d'Halloween!
Béatrice from Tokyo
Tiens, j'ai deja vecu pareil entre la Halte Garderie a Paris et la preschool a Tokyo... comme c'est bizarre ;o)
Du coup, je doute : vais je la mettre au Lycee Francais a Singapour ? certes ce ne sera pas une question d'apprentissage, mais de socialisation...
Un grand bravo a ton fiston ! Et deux bisous aux chanceuses petites soeurs :o)
Flo
Merci à tous, je vois que ce sujet touche pas mal de monde!
Oak,j'ai espoir que le travail des Québécois arrive à traverser l'atlantique. Ils mettent à disposition des francophones de vrais trésors pédagogiques. Exemple des frères Lyons et de leur "défi math" que j'ai pratiqué un an.
Marie, ça fait un sacré temps que je ne suis pas venue. Ton post m'a beaucoup émue. C'est tellement fondamental de valoriser les enfants!
Bravo au fiston.
C'est vrai que l'école française n'encourage pas beaucoup les élèves. Il existe heureusement quelques profs extra qui ont tout compris.
Depuis 2 ans au collège il existe la note de vie scolaire ( moi j'appelle ça la note de discipline). Encore une façon de décourager certains élèves déjà dégoutés par le système: sage et obéissant bonne note, pas trop sage mauvaise note (je te laisse imaginer les notes de ma grande pendant 2 ans).
En tout cas, je suis très heureuse de voir que ton fils peut prendre plaisir à aller à l'école et encore bravo à lui.
C.
J'en ai la chair de poule! ça me rappelle vraiment les excellents côtés de l'école américaine. Heureusement, en Suisse, j'ai l'impression que dans notre village (scolarité publique), le prof est aussi un peu malin, si j'ose dire, et à l'écoute de l'individu!
Bonne continuation!
Ils ont tout dit et tellement bien dit , que je devrais disparaître sous un pied de vigne ..
Mais rectification pour la note de vie scolaire , elle comprend le travail et l'application mais aussi l'investissement dans l'établissement ,les retards et chaque élève s'évalue .Bien sûr la note finale est donnée par l'ensemble éducatif , qui dans notre collège n'est pas la pour sanctionner .Et bien souvent cette note remonte la moyenne d'élèves moyens mais sages et attentifs ...
L'important est que nos enfants s'épanouissent ...
Bravo a ton fiston ,et bises a vous tous .
A
Malheureusement, A.(si tu me lis), ce n'est pas comme ça à saint max pour la note de vie scolaire. La principale décide seule de la note et ne la donne même pas lors des conseils de classe. Elle ne tient pas compte de l'investissement de l'élève dans la vie de l'établissement. C'est une vraie vipère et je suis bien contente de ne pas la voir cette année.
Bisous à tous.
C.
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